Beaucoup de mythes sont véhiculés autour de l’allaitement ; faisant parfois même douter les mères de leur choix et de leur capacité à allaiter. Et si l’allaitement est communément associé à la grossesse et aux mamans ; il est plus rarement abordé sous le spectre de l’induction (i.e. l’allaitement induit, avec ou sans médicaments), issu d’une relactation pour des mères qui n’auraient pas souhaité ou pu allaiter leur bébé à la naissance, ou bien de parents qui souhaiteraient faire bénéficier de « l’or blanc » à leur enfant issu de l’adoption, la PMA, la GPA, la grossesse d’une partenaire…
L’allaitement induit : pour qui, pour quoi ?
Chaque mère et chaque bébé devraient pouvoir bénéficier des bienfaits de l’allaitement, quand bien même ledit bébé n’aurait pas grandi dans l’utérus de cette mère. Cela est tout à fait possible puisqu’il n’est pas nécessaire d’avoir été enceinte pour allaiter son bébé. Dès lors, l’éventualité de mettre en place un allaitement induit, avec ou sans médicaments, suivant un protocole précis mais nécessaire (voir ci-après), ne dépend généralement pas de contraintes physiques mais du choix de chacune.
L’allaitement induit est ainsi ouvert aux personnes ayant été enceintes et souhaitant relancer une lactation, aux personnes ayant un enfant issu de l’adoption, aux co-mères, aux personnes ayant un enfant issu de la GPA…
L’allaitement induit n’existe pas que pour nourrir son bébé. Il va au-delà ; c’est d’ailleurs pourquoi il est préférable de parler d’allaitement induit plutôt que de lactation induite : pour se détacher du protocole strictement hormonal ou mécanique et pour prendre en considération la dimension émotionnelle et relationnelle qui existe dans l’allaitement.
L’allaitement induit : comment ?
Si la grossesse n’est pas nécessaire à la mise en place de la lactation, le rôle des hormones, en particulier de la prolactine pour la production du lait et de l’ocytocine pour l’éjection du lait, n’est pas à négliger. Les hormones sécrétées pendant la grossesse (œstrogènes, progestérone, HcG…) vont créer un équilibre favorable à l’allaitement et se développer pendant plus de 9 mois. Dans le cas d’un allaitement induit, il va falloir stimuler l’hypophyse (la zone du cerveau qui produit notamment la prolactine et l’ocytocine) sur une période assez longue pour créer des conditions favorables.
L’allaitement induit n’est donc pas rapide. Il est nécessaire, pour le mettre en place, de suivre un protocole. Celui-ci peut être médicamenteux : c’est notamment le cas du protocole du Dr Jack Newman, certainement le plus connu en la matière, qui tend à recréer l’équilibre hormonal de la grossesse (ou du moins à s’en rapprocher) et à booster la lactation via la prise de médicaments spécifiques*.
Le protocole peut également être 100% mécanique. Dans ce cas, la mise en place de la lactation puis de l’allaitement se fait par la stimulation des seins ; l’idéal étant, via un tire-lait double pompage en reproduisant les rythmes théoriques des tétées d’un bébé.
L’allaitement induit : par où commencer ?
Si vous souhaitez mettre en place un allaitement induit ou si vous accompagnez un couple/une mère qui souhaite mettre en place cet allaitement induit, voici quelques conseils :
– Il est nécessaire de parler avec les professionnels de santé*. Si assez peu de professionnels sont formés sur ce sujet, il est néanmoins impensable de se lancer dans l’aventure sans les avoir consultés au préalable (gynécologue et sage-femme notamment qui pourront vous référer à un cardiologue ou à un endocrinologue en fonction du protocole choisi par exemple).
– Prenez le temps de bien comprendre les étapes de l’allaitement induit (temporalité, différents protocoles etc.) mais aussi les contraintes qui pourraient vous décourager (besoin de compléter l’apport en lait, délais très courts avant l’arrivée de bébé etc.). Plus vous serez préparés, plus facile sera le chemin.
– Choisissez une conseillère en lactation : des conseils sur le choix du tire-lait, la taille des téterelles, les horaires, la fréquence de tirage etc. sont essentiels pour la production physique de lait et pour le soutien psychologique.
L’allaitement induit : quel rôle pour la doula ?
L’allaitement induit se prépare des semaines voire des mois avant l’arrivée de bébé. La doula a toute sa place dans son accompagnement, que ce soit au niveau physique ou psychologique. En effet, elle pourra prodiguer de précieux conseils relatifs à l’allaitement, au tire-allaitement, au rythme de bébé… mais aussi et surtout soutenir, encourager, motiver, écouter les futurs parents qui peuvent passer par des phases de doutes, craintes ou découragement.
En France, ce sujet reste encore assez peu documenté, mais d’autres pays à l’instar de l’Espagne ou des Etats-Unis l’ont largement expérimenté. Nul doute que le vote de la loi PMA en juin 2021 fera apparaître de nombreuses demandes d’accompagnement sur ce sujet important pour les mamans et leurs bébés.
*Attention toute prise de médicament nécessite la consultation préalable d’un médecin.
Ludivine Piron, Consultante en périnatalité – Val d’Oise et alentours