L’atelier de chant prénatal est un moment de plaisir pour la femme et son bébé, et l’occasion d’effectuer un travail sur le corps pour accompagner les étapes de l’accouchement.
Les outils du chant prénatal
Les outils du chant prénatal peuvent être précieux avant, pendant, et après une naissance ; travail de conscience de soi, mobilisation du corps, plaisir du chant et de la connexion au groupe… Ils s’inscrivent de manière optimale dans l’accompagnement proposé par les sages-femmes et les doulas. Animer un atelier de chant prénatal, c’est offrir un espace et un temps pour permettre aux femmes enceintes (et à leur partenaire ou tout autre accompagnant) de se centrer sur elles-mêmes et sur la naissance à venir, de passer un moment agréable et de favoriser leur confiance en elles, tout en leur communiquant des informations et des outils non-médicaux autour du processus de la naissance.
Déroulement d’un atelier
Un atelier de chant prénatal dure environ une heure et demie, et s’appuie sur l’association du travail de psychophonie mené dans les années 1970 par Marie-Louise Aucher (qui a notamment proposé des ateliers aux femmes enceintes de la maternité de Pithiviers quand Michel Odent y exerçait) et de Chantal Verdière, sage-femme. On peut généralement y trouver – pas nécessairement dans cet ordre :
- Une mise en réceptivité du corps (auto-massages, libération des tensions, recherche d’une posture ancrée, confortable et sécuritaire, percussions dynamisantes…)
- Des vocalises ciblées tirées du travail de Marie-Louise Aucher. C’est l’occasion pour la doula certifiée en chant prénatal de guider la femme enceinte sur la conscientisation des parties du corps sollicitées pendant la grossesse et au cours de l’accouchement, et de réfléchir ensemble aux moyens d’accompagner les douleurs éventuelles. Certaines vocalises permettent un massage interne tout en douceur, pour le bébé et la maman, qui peut apaiser certains maux de grossesse au niveau intestinal par exemple. D’autres amènent à ressentir et travailler la respiration abdominale, mobiliser son diaphragme ou encore engager son périnée.
- Des chansons issues d’un répertoire varié, mêlant les compositions de Marie-Louise Aucher (par exemple « sans souci » qui évoque les transformations foetales) à des berceuses du monde, ou des chansons d’accueil (comme « Bienvenue », d’Odile Rami). La pratique du chant favorise la confiance en soi et en son propre corps et stimule la production d’ocytocine et d’endorphines, les hormones du bien-être (très impliquées dans le processus de l’accouchement). Quant aux bébés in-utero, si leur oreille entend effectivement les voix qui les entourent, il est intéressant de noter que tout leur corps perçoit et réagit aux vibrations. On « vibre » le bébé en l’entourant et le berçant de sons.
L’impact émotionnel du chant prénatal
Au-delà de l’effet provoqué par l’aspect vibratoire du chant, il est important d’être conscient que le texte des chansons peut avoir un fort impact émotionnel. Le chant est directement lié aux mots, et peut libérer toutes sortes d’émotions, même (et surtout) celles qui sont parfois inexprimables : un parent peut trouver chez la doula l’oreille humble et attentive disponible pour recevoir la parole (ou le silence) lié à ces sentiments.
- Des « balançoires », chansons de balancement qui mobilisent le bassin, activent et favorisent la circulation en massant toutes les parties du pied, et ramènent aux rythmes biologiques archaïques et vitaux. Ces chansons peuvent aussi être chantées par les parents à leurs bébés quand ils les portent ou qu’ils les bercent : elles développent le sens du rythme, de l’équilibre et la proprioception. Il peut d’ailleurs être intéressant pour une doula de proposer un temps de musique et de balancement pour la famille lors d’un rendez-vous post-natal : chanter avec son enfant stimule son oreille, son langage, le ramène à des sensations éprouvées in-utero, et lui fait ressentir le plaisir de partager des moments musicaux avec ses parents.
Au-delà du travail individuel sur le corps et la naissance, donner l’occasion à un groupe de femmes d’un même secteur géographique de se retrouver régulièrement pour chanter ensemble et d’éventuellement tisser des liens entre elles peut être une manière de contribuer à la création de ces « villages » dont tant de familles ont besoin pour les aider à traverser leur parentalité.
Les doulas et le chant prénatal
Enfin, il me semble important de préciser que si les doulas (dans le cadre par exemple d’ateliers de yoga prénatal, ou simplement au sein d’une rencontre) peuvent naturellement être amenées à utiliser dans leur accompagnement des outils du chant prénatal comme la décontraction des mâchoires, l’émission de sons graves, le travail du souffle etc., une séance de chant prénatal psychophonique ne peut être menée que par un.e animateur.ice formé.e en ce sens.
Marjolaine Cleux
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